Comme presque chaque soir j'étais là derrière mon comptoir en train de travailler. Il n'y avait pas grand monde, la soirée commençait tout juste et le monde arriverait surement plus tard. Je servais un verre à un jeune, tout en me disant qu'il y a encore quelques mois ce bar m'appartenait autant qu'à ma meilleure amie. Je devais avouer franchement qu'il m'arrivait de regretter mon geste. Décidé de lui donner toute la direction et ne rester ici qu'en tant que serveuse n'était pas forcément une bonne idée. Puis ce n'était un travail dont je rêvais. Pourtant je ne pouvais me résoudre à quitter ce bar. Je faisais n'importe quoi ces derniers temps : je n'avais même pas été foutu de remarque que Josh m'aimait, je n'avais pas non plus remarqué que je l'aimais plus que comme mon meilleur ami et pour finir cette histoire avec le bar. Le prix de la connerie me serait surement donné sans aucune hésitation. Malheureusement, le passé était le passé et je ne pouvais plus rien y changer. Mon meilleur ami était désormais avec quelqu'un d'autre. Que pouvais-je y faire ? Je n'allais pas lui dire de la quitter. Il faisait ce qu'il voulait dans le fond, je n'avais rien à lui ordonner et il n'avait aucun compte à me rendre. Sauf que le dire était une chose facile, le faire était beaucoup plus difficile. L'aimer et le regarder être heureux avec quelqu'un d'autre. Génial. Vraiment.

Une petite heure venait de passer, c'était loin d'être plein, mais il y avait plus de monde qu'avant. Prenant une pause, je sortais prendre l'air quelques minutes. J'allais rentrer dans le bar quand j’aperçus Josh. Pressant le pas pour rentrer avant qu'il ne me voit, je me demandais ce qu'il venait faire là. Pas plus tard que cette après midi, je lui avais dis que ce soir je ne pouvais pas le voir comme prévu puisque je ne travaillais pas et que j'avais autre chose de prévu à la dernière minute. Il allait me falloir une bonne idée pour me sortir de cette situation. Demandant à la seconde serveuse de m'aider à mentir en disant à Josh que je n'étais pas là si il le demandait. S'il n'était pas là pour me voir, je n'allais pas pouvoir rester cachée très longtemps. Cachée dans la salle des employés, j'attendais en priant pour qu'il parte ne voulant pas le voir et n'ayant pas envie de m'expliquer. Au bout d'un petit quart d'heure je sortais de ma cachette le pensant enfin parti. Seul, je ne voyais pas trop ce qu'il pouvait venir faire ici et j'étais donc certaine que j'allais être tranquille pour le reste de la soirée.

A mon âge jouer à cache-cache ce n'était plus aussi facile. Les cachettes étaient peu nombreuses n'ayant plus la taille d'une enfant. Mais pour échapper à Joshua me cacher dans la salle des employés était une idée excellente. Enfin... Ça aurait pu. Avec l'intelligence que j'avais, je n'avais pas pris soin de vérifier s'il était encore là ou non. Après tout, pourquoi resterait-il ? Il n'avait pas l'autre à voir ? L'autre, quel joli surnom ! Bref, reprenant le travail, je ne remarquais même pas la présence de mon meilleur ami. En revanche, lui venait de me remarquer. Comment d'écrire la situation en quelques mots ? J'étais mal, vraiment très mal. Je n'avais pas l'occasion de me sauver à nouveau, il venait vers moi l'air pas content du tout. Petit sourire gêné sur le visage, je l'écoutais me demander si il avait fait quelque chose de mal. Blabla blabla & blabla. Résumons de façon très simple ce que Josh venait de me dire. J'allais me faire engueuler maintenant. Soupirant et levant les yeux aux ciels, j'ouvrais enfin la bouche.« C'est bon tu as finit ? Et merci de demander, moi ça va très bien. Et non tu ne me déranges pas, c'est pas comme si j'étais en train de travailler après tout. » Quoi ? Il se disait être mon ami ? On prenait des nouvelles de ses amis et on ne les dérangeait pas pendant le travail. Bon, on était censé ne pas leur mentir non plus, mais la question n'était pas là. Allez, on respire et on répond aux questions du monsieur. « Tu te fais des films mon garçon. J'ai aucune raison de te faire la tête, je suis juste très occupée en ce moment et j'avoue que ce soir j'avais d'autres projets qui ont finalement étaient annulés donc je suis venue donner un coup de main ici. » Suite à une petite pause, je repris : « Puis je fais ce que je veux. Si je ne voulais pas passer la soirée avec toi ou si j'ai finalement envie de venir ici, je le fais. Je ne t'ai pas menti et je n'ai pas à te donner d'explication, ce serait la meilleure tient. » C'est vrai non. Je n'allais pas l'appeler pour lui dire que finalement je travaillais ce soir, ce n'était pas comme si j'avais des comptes à lui rendre. Enfin, je savais depuis le début que je travaillais ce soir et je lui avais donc menti, mais ça il n'était pas censé le savoir. A moins que monsieur ait développé un don de voyance pendant ces dernières heures ce dont je doute fortement. « Et qu'est-ce que tu fais là ? » Si il avait le droit de venir boire un verre, mais pourquoi ici ? Il y avait des tas d'autres bars dans la ville et forcément il choisissait celui-ci. Bon en même temps, je ne voulais pas l'envoyer chez la concurrence, mais il n'avait qu'à rester chez lui, ça aurait arrangé tout le monde. Surtout moi.

Explications rapides et excuses complètement fausses pour justifier ma présence ici, je lui mentais de nouveau. Ce n'était rien de très important, mais quand même ; un mensonge restait un mensonge. Comme il l'avait si bien dit, j'étais censée pouvoir lui parler et pourtant je ne pouvais pas. Cela ne changerait plus rien maintenant, alors à quoi bon ? Bref, comme je m'y attendais il se mit à parler de Jenny et la meilleure des idées lui vint : qu'elle et moi, on devienne amies. Pas convaincu du tout, sourire embêté sur le visage, je répondis tout de même : « Tu as raison, de très bonnes amies. On doit avoir des points communs en plus, ce serait génial. » Pourquoi j'avais dit tout ça ? Alors là, je me posais moi-même la question. Surement qu'avec le temps, je devenais folle et je racontais n'importe quoi.

Est-ce que vous pensez qu'en à peine quinze minutes il avait pu se saouler ? Non parce que les révélations qu'il venait de me faire étaient assez particulières et inattendues. Ne sachant quoi répondre, ayant peur de faire n'importe quoi, je restais silencieuse pendant de longues secondes. « Je... tu sais que les gens normaux n'avouent pas ça, comme ça ? Tu m'annoncerai que ce soir on mange des pâtes que tu t'y prendrais pareil. » Comparaison complètement débile, mais voilà le genre de choses que je sortais qu'en j'étais gênée et que je ne savais pas quoi dire. En plus, je pouvais répondre quoi d'autre ? Oh moi aussi je t'aime... Pitoyable. Oh je sais, ton meilleur ami a eu la gentillesse de me prévenir... je ne pouvais pas faire ça. Le fait qu'il me dise qu'il ne ressentait plus rien maintenant qu'il était avec jenny m'énervait au plus haut point et ça devait d'ailleurs se lire sur mon visage. C'est pourquoi, je ne pu m'empêcher de répliquer : « J'ai quelqu'un en vu moi aussi, donc j'ai presque envie de te dire, heureusement. Je ne voudrais pas te faire souffrir. » Je répondais ce que je pouvais et j'avoue que ça n'avait rien de facile. Heuresement il changea de sujet, me disant qu'on devrait de nouveau sortir entre amis. « Bah regarde, on a qu'à boire un verre maintenant. Ce sera toujours ça de fait. » L'emmenant vers le comptoir, je m'installais derrière, me servant un jus de fruit. « Tu veux quoi ? Je te l'offre. » Et histoire d'enchainer la conversation avant qu'il ne décide de reprendre sur le fait qu'il m'avait aimé, j'ajoutais : « Alors sinon comment ça se passe pour toi en ce moment ? »

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Il était fou. On ne disait pas ce genre de choses comme ça. Après tout il était question des sentiments et on ne les étalait pas de cette manière, sans penser à ce que ça ferait à l'autre. Juste pour le rendre jaloux, pour qu'il ne me pense pas seule, j'ajoutais que j'avais de toute façon quelqu'un en vu. Pour confirmer mes dires je n'avais plus qu'à trouver quelqu'un. D'ailleurs, j'avais déjà une petite idée derrière la tête. Bref, l'invitant à boire un verre, je lui demandais comment ça se passait pour lui en ce moment. Un "ça se passe mal avec Jenny" aurait été super, je n'avais malheureusement pas eu cette chance. A ma grande surprise, il prit un alcool fort, mais je n'allais pas l'en empêcher. Je le servais, c'est tout. Nous discutions d'un peu de tout, évitant soigneusement la question des sentiments. Il buvait beaucoup et j'avoue que je le servais sans même m'en rendre compte. Sans faire attention à combien il en avait bu. M'absentant parfois pour servir ailleurs, même si avec le peu de monde l'autre serveuse suffisait amplement. Il était clair qu'il avait trop bu lorsqu'il commença à dire qu'il m'aimait. Ça continuait. Il ne semblait pas aimer Jenny, il pensait juste n'avoir aucune chance avec moi. Que répondre à ça ? Si si je t'aime, mais de toute façon tu l'auras oublié demain alors à quoi bon te le dire. De plus, je ne voulais surement pas faire de mal à Jenny même si je la détestais. Puis il pouvait très bien ne rien penser de tout cela et le dire simplement à cause de l'alcool. Parfois on disait des choses qu'on ne pensait pas et qu'on regrettait. Voilà le genre de situation dans laquelle j'aurais aimé ne jamais me trouver. Je voulais bien être gentille, mais fallait pas pousser non plus. Qu'il me prenne dans ses bras passait encore, mais ses gestes ainsi que ses mots étaient franchement déplaçaient à mes yeux. Il était avec quelqu'un, il prétendait m'aimer puis non, puis finalement si. Puis il ne faisait que ça que parce qu'il était saoul. Il le regretterait demain. Le repoussant, le giflant histoire de lui faire comprendre et de le reconnecter à la réalité, j'ajoutais : « Ça va pas non ! Tu devrais penser une seconde à ta copine. » Je ne me comprenais pas, j'aurais pu profiter de la situation, pour faire ce dont il avait envie. Si il la trompait, elle le quitterait et je pourrais le récupérer, mais je ne pouvais pas faire ça. « Demain tu regretteras ou tu auras oublié. Alors on va arrêter avant que tu ne fasses n'importe quoi. J'vais te ramener, d'accord ? »

Maintenant, il ne pouvait plus revenir en arrière, mais ce n'était pas vraiment sa faute, enfin si vu qu'il avait un trop bu, même beaucoup, mais bon sur le coup il s'en était pas rendu compte et puis quand même son amie aurait put lui demander d'arrêter donc elle était coupable aussi. De toute manière Joshua oublierait probablement ce qui s'était passé en se réveillant demain matin, mais s'il finissait par apprendre la conduite qu'il avait durant la soirée, le jeune homme serait mort de honte. Pas très surprenant qu'il se fasse gifler peu de temps après. « Ah oui c'est vrai Jenny. » Bah oui penser à sa petite amie actuel, ce n'était pas trop le cas à ce moment là vu qu'il était complétement bourré, heureusement qu'il n'y avait pas grand monde dans le bar et puis de toute façon il ne connaissait personne d'autre ici à part Maxine.

« L'amour est si compliqué. » C'était bien vrai et même si le jeune chef avait été sobre, il aurait surement penser la même chose, mais si ce n'était pas sur qu'il aurait avoué de vive voix. Pour le moment, dans cet état, il ne pensait qu'à une seule femme et ce n'était autre qu'à sa meilleure amie, peut être qu'il aurait dut prendre le risque de lui dire ce qu'il ressentait avant de partir en voyage, même bon comme d'habitude, il s'est montré lâche et de plus il avait pensé qu'elle s'intéressait à quelqu'un d'autre. « Je suis un idiot, je suis même pas fichu d'être honnête. » Joshua se leva mais il manqua de tomber, bah oui avec tout l'alcool qu'il avait bu, ce n'était pas étonnant qu'il ne tienne plus sur ses deux jambes. C'est un type bizarre, il se critique par moment, surement qu'il se sentait perdue, qu'il n'était pas fichu de faire un choix. Même si le jeune chef était complétement saoul, c'était hors de question qu'il prenne un verre de plus, sinon son état risquerait d'empirer, même si on pouvait penser que ça ne pouvait pas être pire à ce moment là. « Merci de bien vouloir me ramener t'es la meilleure. » Cela ne se voyait peut être pas, mais Joshua se retenait, car s'il se lâchait, il aurait de nouveau tenter de faire des avances, mais il n'avait pas du tout envie de se prendre une gifle à nouveau la première avait déjà été douloureuse, donc pas besoin d'un rajouter. Il s'accrocha à elle, sinon il n'arriverait pas à marcher et ils sortirent tous les deux du bar.